Voilà un roman qui se savoure. Comme un bon vin, on le lit par petites lampées pour faire durer le plaisir. Non pas que l’histoire -vraie- soit particulièrement réjouissante (les vies en parallèle de l’exécuteur officiel du Royaume d’Angleterre et d’une pin-up d’après guerre qui vont malheureusement se croiser…), mais l’atmosphère, les personnages, et surtout l’écriture font de La pendue de Londres un grand roman.
Dans le Londres brumeux des années 40, Albert Pierrepoint est donc le bourreau le plus réputé de l’Angleterre. Il pend ses victime avec beaucoup de professionnalisme et (si, si) d’humanité. Il le fait par devoir pour la Couronne, certainement pas par pour le prestige. Caché derrière sa cagoule, il vit d’ailleurs très mal le fait d’être reconnu après avoir -pourtant- tué les surveillants nazis des camps de concentration.
Il ne veut plus pendre de femmes, c’est trop dur, juge-t-il.
Mais voilà, quelque part dans ce Londres obscur, Ruth Ellis, une jolie femme qui ressemble a Marilyn Monroe, évolue dans le monde de la nuit, de la prostitution et de la débauche. Soumise à tous les hommes qui vont croiser sa route (à commencer par son père), ils abuseront d’elle comme d’un animal. Jusqu’au jour où elle tue à bout portant son amant du moment… Elle sera après cet évènement la dernière condamnée à mort d’Angleterre.
On assiste alors à la rencontre entre un homme usé par son métier et une femme désabusée par la vie et fatiguée de son existence.
Ce livre est un condensé de sensibilité, romancé à merveille par un académicien qui ne démérite pas de sa notoriété. Il est très difficile de se détacher de ces personnages si riches et attachants, et de l’histoire si palpitante. Un moment de lecture comme on aimerait en avoir plus souvent…