Poignant. Troublant. Violent. Poétique. Voilà les mots qui viennent à l’esprit lorsqu’on referme le livre de Julie Otsuka. Le succès de ce roman n’est plus à démontrer, et cela faisait quelques temps que je voulais le lire.
L’histoire, c’est celle d’immigrées japonaises sur la côté ouest des états-unis, quelques années avant la seconde guerre mondiale. Promises à des hommes japonais eux-même déjà sur le sol américain, elles partent de leur île natale avec le pressentiment que la vie ne sera pas forcément meilleure outre-pacifique. Mais pourtant pleines d’espoir.
Le temps et la vie vont vite donner raison à leurs craintes, et elles vont découvrir la violence, l’esclavagisme, le racisme et la méchanceté humaine. Cependant, elles gardent entre elles une profonde solidarité, qui les empêchera – pour la plupart – de sombrer trop profondément. Le parallèle est facilement fait avec la communauté Afro-américaine et la grande période d’esclavagisme bien connue. Mais à l’heure de la sortie d’innombrables films et livres à ce sujet, il est aussi bon de se rappeler – ou même, pour ma part, d’apprendre l’existence – d’une partie de l’Histoire plus méconnue de l’immigration aux Etats-Unis.
Cette œuvre est écrite comme un hymne, à la première personne du pluriel ; les éléments temporels sont pour la plupart gommés, mais la multitude de prénoms cités lui donne une dimension profondément humaine et intimiste. Les visages se distinguent dans cette foule innombrable de Japonais venus chercher un rêve américain qui tarde à se révéler comme tel.
Les aspects de leur vie les plus banals comme les plus extraordinaires y sont décrits d’une façon douce, respectueuse et extrêmement réaliste.
Puis vient la guerre, la méfiance redoublée, et l’exil… Où, on ne le saura pas. Mais une chose est sûre, tout comme les habitants natifs de Californie se trouvent désemparés par le départ de cette population qu’ils ont pourtant toujours considérée comme étrangère et soumise, nous, lecteurs, ne sommes plus tout à fait les mêmes en refermant ce livre.